REPORTAGE FULLBUZZZ - QUÉBEC MUSICAL
(par Vincent Proteau)
Spectacle de Claire Pelletier au St-Denis, Mtl le 25 janvier 2005
LE MILLE-FEUILLE DE CLAIRE PELLETIER...
Des murmures d'histoire, du platonique et de l'Aristophane, des
îles mystérieuses, des vaisseaux fantômes, des sirènes sur les icebergs, des éperlans à Kamouraska, de la flûte irlandaise,
des cordes de Prague et du bidouillage McIntoshien.... Vite... une dose de Claire Pelletier pour libérer
les neurones...
Le scribouillard à boût de souffle à proximité du St-Denis, les narines collées,
les lèvres craquées, les poumons en manque de Salbutamol après 10 minutes de gadoue, de trottoirs glissants et de froid chibougamois...
Le soleil couché est glacial... Aucune présence de neutrinos dans les parages...
L'asthmatique montréalais, auteur de ces lignes, doit se pomper dans le hall d'entrée,
avec l'impression de se sentir comme un soudanais en visite au Nunavik chantant "Tout au nord de moi" ...
Un intoxiqué dans la gélivure....
Dans la salle de spectacle, le scribe assis entre un Mercure lunatique et une petite
Vénus rigolote, retrouve son oxygène tout en observant la magnifique présentation sur écrans de feuilles photographiées et
conceptualisées dans un éclairage sompteux et reposant.... Produit chimique qui fait son effet ou photosynthèse psychophysique?...
Le mille-feuille de Claire Pelletier à un pouvoir antalgique... L'endorphine s'active...
La chanteuse nous offre ainsi un récital de plus de 2 heures entourée d'excellents
musiciens: Éric Sénécal aux claviers, Stéphanie Labbé au violon, Luc Bourgeois
à la flûte et Pierre Duchesne à la basse, dans ce décor zen et méditatif. Avec une instrumentation
électrique et quelques miettes de techno à la Bjork, Claire Pelletier s'est donnée ainsi un peu de modernité
et de volume pour mieux contraster avec le classicisme, l'inspiration médiévale ou l'âme celtique de ses oeuvres antérieures.
Hildegarde de Bingen, Ronsard, Marie
de France, Galileo Galilei, Abélard et Héloïse, Marceline
Desbordes-Valmore, Lorelei & Ondine, "Kabir Kouba" ...
À droite, l'ami Mercure un peu dévié de son orbite se demande si l'indien Lakota
va apparaître sur scène... ou encore si Socrate aurait aimé faire la pêche aux poissons des chenaux
en buvant la ciguë avec Phédon... À gauche, la petite Vénus se bidonne en comparant l'univers de Claire
Pelletier à celui des Denis Drolet...
L'Asthmatique-analyste, lui, s'enivre de la voix superbe de l'artiste. Il déguste
les textes de Marc Chabot et les compositions de Pierre Duchesne. Il savoure les morceaux
de "Ce que tu donnes", comme "Le maître et l'esclave", "Le silence",
"Le cimetière des bateaux", "La danse" ou encore "Le merisier"...
Il faut mordre à pleines dents dans ce délicieux mille-feuille... Il faut se soulager
les bronches grâce à cette achillée de la nordicité qui nous offre l'oxygène nécessaire à la vie, le don suprême de la nature
aux humains, qu'ils soient illustres ou anonymes...
Retour dans la froidure... c'est la réconciliation avec les bourrasques et la glace...
Regard vers le ciel... et il y a ces milliards de petites lumières dispersées dans l'Infini, cette "Poussière d'étoiles"
pour respirer l'Amour... Une pensée pour toi petite Vénus... Si loin dans cet Univers... et parfois si près... Besoin de ton
scintillement jusqu'à la fin de tous les souffles de la vie...
par VINCENT PROTEAU